Création d’entreprise : un taux de survie dopé par le parrainage
 

Création d’entreprise : un taux de survie dopé par le parrainage

par DIRECCTE Centre-Val de Loire. Le 12/01/16 17:16.
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L’accompagnement dont bénéficient les entrepreneurs au cours des trois premières années contribue à la pérennité des jeunes entreprises. Toutefois, la dynamique du parrainage doit être encore amplifiée.

Trois ans après leur création, 73 % des entreprises portées par un demandeur d’emploi dans le cadre du dispositif NACRE sont encore en activité.

 

Ne pas rester seul

L’accompagnement post-création de 3 ans prévu dans le cadre de NACRE est bien un facteur clé de la pérennité des jeunes entreprises. En effet, le nouvel entrepreneur, qui a souvent connu de longues périodes d’exclusion du marché du travail, ne s’improvise pas spontanément "chef d’entreprise". Il a besoin d’être conseillé, de partager son expérience avec d’anciens cadres ou dirigeants. "Surtout, il ne faut pas rester isolé" affirme Jean-Bernard Tessiot de la CCI du Cher. "Depuis 2014 avec la Chambre des métiers, nous avons réactivé notre club d’entreprises et 2/3 de nos membres s’avèrent être des demandeurs d’emploi qui aspirent à rompre leur isolement". Le dispositif NACRE prévoit quatre rencontres entre les opérateurs en charge du suivi et les entrepreneurs au cours de la 1ère année de création, puis deux rendez-vous par an au cours de la 2ème et 3ème année. Mais de l’avis même de plusieurs opérateurs, le volume d’heures dédié à cet accompagnement s’avère être insuffisant. D’où l’importance pour les opérateurs de recruter des parrains bénévoles en mesure d’apporter un soutien personnalisé aux jeunes entrepreneurs.

 

Une relation de confiance

Pour que ce parrainage fonctionne, il faut qu’une relation de confiance s’installe entre parrain et filleul. "Il peut y avoir des problèmes d’incompatibilité de caractère" note Marc Michaud (Initiative Loir-et-Cher). "Notre rôle est de veiller à ce que le courant passe bien entre les deux".
Mais le rôle du parrain n’est pas facile car s’il doit stimuler son filleul dans son projet et l’aider à se poser les bonnes questions, il doit aussi parfois être capable de lui dire la vérité s’il s’avère qu’il n’a vraiment pas le profil d’un chef d’entreprise. "L’encourager si son projet semble vouer à l’échec, ce n’est pas un service à lui rendre" témoigne un parrain. "In fine, il se retrouvera de nouveau au chômage et en plus il sera endetté". Ainsi, depuis 4 ans, la DIRECCTE Centre-Val de Loire a financé un cycle de formation à destination des parrains, organisé par Initiative Centre.

 

Professionnaliser les parrains

Principales carences décelées lors de l’accompagnement chez les nouveaux entrepreneurs : un manque de compétences en matière commerciale et dans le domaine du pilotage de l’activité via des outils de gestion : suivi du CA, des marges, analyse des ratios…
Face à ce constat, une douzaine d’ateliers-conseils ont été organisés en 2014 -2015 dans 4 départements de la région à destination des nouveaux dirigeants NACRE et aux parrains, afin qu’ils puissent échanger sur diverses thématiques : "techniques commerciales", "savoir lire son bilan", "négocier avec son banquier", "concevoir un tableau de bord"… 218 participants ont participé sur cette période à ce cycle de formation dont 1/3 de chefs d’entreprise et 2/3 de parrains.
En dépit de ces ateliers, les vocations pour devenir parrain bénévole semblent toutefois se raréfier. "Il est clair qu’aujourd’hui nous manquons de parrains bénévoles" constate un opérateur. "Ne faudrait-il pas que les pouvoirs publics s’empare de cette question et lance une campagne de communication visant à promouvoir le bénévolat économique ?"
En tout cas, une nouvelle dynamique s’avère être nécessaire pour inciter le chef d’entreprise ou le retraité à devenir parrain et pour professionnaliser le nouveau dirigeant en vue d’améliorer ses capacités d’organisation et de maîtrise technique de la profession.
Ces atelier-conseils ont été unanimement reconnus et devront à l’avenir se poursuivre. En effet, à côté des compétences techniques, il y a aussi le savoir-être. Cette dimension, les parrains qui ont été eux-mêmes chefs d’entreprise ou cadres décideurs sont en mesure de la transmettre aux filleuls. Car une chose est certaine, on ne s’improvise pas chef d’entreprise. C’est métier à part entière qui ne s’acquiert que progressivement au fil des ans.


Notes

[1] Nouvel accompagnement pour la création et la reprise d’entreprise

[2] INSEE Analyses Centre-Val de Loire n°13 - mai 2015
 

 

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